le monastier

•    Au Vème siècle, création d’un monastère sur le site du Monastier, un aristocrate arverne nommé Calmel ayant offert aux moines vivant dans les flancs du plateau de la Moutette (qui surplombe le village) de financer la construction d’un bâtiment. Au VIIème siècle, Théofrède, l’abbé du moment, fut lapidé par la population. Il devint le martyr de l’abbaye (il est aussi connu sous le nom de Saint Chaffre).


•    En 817, le roi Louis le Pieux ordonna la restauration de l’abbaye de Calmel (qui devint progressivement l’abbaye Saint Theofrède) dans le cadre de la première réforme bénédictine initiée par Saint Benoît d’Aniane (qui codifia la règle de son ordre crée par Saint Benoît de Nurcie au Mont-Cassin, au VIèmesiècle). On retrouve encore des traces du cloître roman datant de cette époque à l’angle formé par les anciens bâtiments conventuels et l’église (près de la Mairie).

•    Au Xème siècle, l’abbé Wulfad agrandit l’édifice (il ne reste de cette époque que quelques murs de l’abside)

•    Aux XIème siècle, l’abbé Guillaume III poursuivit l’agrandissement de l’édifice et dota l’abbaye de bâtiments conventuels, d’un trésor et d’une bibliothèque. Son successeur, Guillaume IV, continua lui aussi dans la même voie. C’est aussi au XIème siècle que le parvis fut construit avec le soutien financier et technique de l’abbaye de Cluny (d’où l’inspiration bourguignonne : plusieurs clochers autrefois ; nef centrale élevée ; larges fenêtres à colonnettes). Guillaume IV, ami de saint Bruno, abbé de 1086 à 1136, suivant l’exemple d’Odilon de Mercoeur, à l’origine de la pratique, fit écrire le Cartulaire du Monastier et étendit considérablement les propriétés du monastère. (le 1er avril 1179, une bulle du pape Alexandre III énumérait 235 dépendances de l’abbaye).

•    En 1266, le pape Clément IV prit l’abbaye de Saint Chaffre sous sa protection par une bulle et lui reconnut des possessions très étendues dans les diocèses du Puy, de Clermont, de Saint Flour, de Mende, Rodez, Maguelonne (34), Nîmes, Viviers, Cavaillon, Orange, Die, Valence, Vienne, Grenoble, Genève, Maurienne, Gap, Embrun et Turin.

•    En 1324, Jean XXII choisit Bernard, abbé du Monastier, comme nonce auprès du roi de Lituanie  en voie de conversion (après les nombreux raids conduits par les Chevaliers Teutoniques au XIV et XV).

•    Pendant la guerre de Cent Ans, l’abbé Jacques Causans résista bien aux bandes de pillards et organisa la défense par des fortifications.

•    Au XVème siècle, les abbés Vital Hérail (1451-1492) et François d’Estaing (1492-1503) reconstruisirent la voûte centrale effondrée (autrefois en berceau, elle comporte désormais des croisées d’ogives), l’extrémité des bas-côtés vers la façade ainsi que le chœur (style gothique). C’est Vital Hérail qui fit couvrir les terrasses flanquant l’édifice utilisées jusqu’alors comme chemin de ronde puisque l’église était fortifiée, comme en attestent encore les meurtrières situées sur le mur sud, pour protéger les biens du clergé des attaques des brigands (et des grandes compagnies pendant de longues années). Cet aménagement eut très certainement de nombreuses répercussions sur la façade. François d’Estaing donna au trésor 28 tableaux dont 2 ont résisté à la fureur révolutionnaire, des ornements de soie et un jubé (encore en place en 1712) et fit bâtir les escaliers d’accès à l’église ainsi que « 2 beaux portiques ». Il fit aussi bâtir le pont qui enjambe la Gazeille en direction de Présailles et qui porte encore son nom, et obtint de Charles VIII en 1495 des lettres patentes établissant le marché du mardi au Monastier. Avec François d’Estaing, les abbés commendataires se sont installés définitivement au Monastier. La famille Sénecterre y régnera pendant 150 ans environ et l’abbé Antoine fera construire une chapelle rayonnante dite de « Saint Théofrède » pour servir de nécropole aux membres de la famille.



•    Au XVIème siècle, un buffet d’orgue fut construit. Il est aujourd’hui un des plus anciens d’Europe (1518). Il fut peut être commandé par l’abbé François d’Estaing mais fut terminé sous l’abbatiat de Gaspard de Tournon (comme le suggèrent une inscription ainsi que le blason des Tournon qui se trouve sur le buffet, en haut à gauche). Un second blason placé sur le buffet, en haut à droite, pourrait représenter Saint Théofrède avec sa mitre, sa crosse et la palme des martyrs.

•    A la même époque, la chapelle de la famille Sennectère fut construite. Elle se trouve dans une des absidioles et comporte une voûte en caissons. On peut y distinguer les armes de la famille (cinq fuseaux verticaux). Plusieurs abbés issus de cette famille y furent inhumés, et ce jusqu’au XVIIème siècle.  On pourra aussi noter la présence d’une salamandre (emblème de François Ier), d’un aigle tenant dans ses serres une tablette et une main montrant du doigt la date 1547, date de construction de la chapelle et de la mort de François Ier.

•    Au XVIIIème, Armand de Castries fit reconstruire les bâtiments conventuels.

•    En 1787, l’édit de Louis XVI entraîne la suppression du couvent, tandis que Le Franc de Pompignan, évêque du Puy et dernier abbé commendataire, transférait son archevêché à Vienne.



•    A la Révolution , les deux clochers furent abattus comme partout en Haute-Loire (sauf celui de la cathédrale du Puy qui fut sauvé par la présence d’un coq gaulois à son sommet). Dans les bras du transept, on peut encore voir les ouvertures obstruées par lesquelles les cordes actionnant les cloches descendaient.




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